spéciale du 8 mars

A l’occasion de la journée de la femme du 8 mars, penchons-nous à nouveau sur ce syndrome de l’imposteur et pourquoi celui-ci semble affecter les femmes plus que les hommes. Pour rappel, ce syndrome se manifeste par la peur de ne pas pouvoir réitérer ses réussites passées ainsi que de ne pas les mériter. Un sentiment d’illégitimité dans le poste occupé et l’appréhension que les autres découvrent que nous ne sommes en réalité pas aussi compétent/e qu’on n’en a l’air. L’impression d’être constamment la personne la moins intelligente du groupe et que les autres réussissent bien plus et échouent bien moins que nous.
Nombres d’études ont montré qu’en réalité ce syndrome était présent autant chez les hommes que chez les femmes. Mais celles-ci en paient plus les conséquences et de ce fait sont plus limités que ces derniers. Tour d’horizon sur les différents facteurs qui peuvent influencer ce sentiment d’imposteur.

L’éducation

Les théories du genre vous le diront, on ne traite pas de la même manière une petite fille et un petit garçon. La petite fille sera encouragée dès son plus jeune âge à prendre soins des autres quitte à refouler ses propres besoins. Seront donc encouragées les qualités telles qu’être sympathique, douce et attentionnée. Ces qualités seront ensuite intégrées à l’identité de la femme qui va plus tard rechercher les situations et accomplissements qui viendront confirmer cette image qu’elle se fait d’elle-même. Cela aura pour conséquence un sentiment de malaise avec ses propres besoins et son envie d’indépendance, car son confort réside dans le fait de prendre soin des autres et de les encourager.
Ces comportements vont venir alimenter les stéréotypes et rôles des genres dans la société, et ainsi se forment les cercles vicieux.
De manière plus large, un syndrome de l’imposteur peut aussi prendre racine au sein d’une famille très exigeante. L’enfant ne sera récompensé pour ses accomplissements que de manière périodique et va donc construire son estime de soi dans un climat qui donne l’impression qu’il faut toujours en faire plus pour être accepté.

La société

Les qualités généralement exprimées pour décrire quelqu’un qui occupe un poste hiérarchiquement haut sont l’indépendance, l’assurance, le pouvoir, la confiance en soi et la franchise. Mais lorsqu’on demande aux femmes souffrant du syndrome de l’imposteur de nous dire comment elles se décriraient dans des postes similaires elles répondent qu’elles auraient l’impression d’être égoïstes, des saboteuses et de rejeter ainsi que d’être rejetées par les autres. Si toutefois elles finissent par assumer un rôle important, elles attribuent leur réussite au fait d’avoir été attentives aux besoins des autres, serviables, sociables et d’avoir une bonne communication. Toutes ces qualités font généralement parties des comportements qu’on utilise pour décrire l’attitude attendue d’une femme. Il est donc normal que celles-ci ressentent de la culpabilité et de la confusion lorsqu’elles s’approchent du plafond de verre.

La culture

Tous les symptômes présentés plus haut sont encore renforcés si la femme a des origines considérées comme marginales par la société. Si elle accède à des postes de hautes fonctions, elle rompt non-seulement avec l’histoire familiale mais également avec les stéréotypes associés à son origine culturelle. Elle se sent alors seule face à un futur incertain et en conflit car elle est différente de sa famille et de son groupe culturel.

En conclusion

Il est important de reconnaître ces différents mécanismes qui portent préjudices aux femmes mais pas que. Les hommes aussi sont victimes de stéréotypes qui les empêchent d’écouter leurs réels besoins et désires. Une société plus égale et plus flexible permet à chacun d’assumer sa vraie identité et de vivre une vie au plus proche de soi-même. Encourageons-nous à dépasser nos croyances et montrons l’exemple en ayant le courage d’aller au bout de nos objectifs.

Comment reconnaître un syndrome de l’imposteur?

– La personne ressent une forte anxiété lorsqu’elle doit accomplir une tâche, une peur excessive de l’échec ou une incapacité à se mettre au travail devant une charge importante de travail
– Lorsque la personne exprime une certaine rigidité face à des tâches ou des objectifs avec une attitude de perfectionnisme excessif
– Lorsqu’il y a une visible différence entre les objectifs que se fixe la personne et ses réelles capacités. Ou encore si la personne est visiblement surqualifiée pour son travail
– La personne ne se focalise que sur sa famille ou ses relations au détriment de ses propres besoins et accomplissements

Bibliographie:
– Clance, P. R., Dingman, D., Reviere, S. L., & Stober, D. R. (1995). Impostor Phenomenon in an interpersonal/social context : Origins and treatment. Women and Therapy, 16(4), 79‐96.
– Clance, P. R., & O’Toole, M. A. (1987). Impostor phenomenon: An internal barrier to empowerment and Achievement. Women and Therapy, 6(3), 51‐64.